« J’élève 220 brebis malgré ma surdité »
Grâce à une innovation d’appareillage, Pierre Giroux, sourd des deux oreilles, s’est installé en écopastoralisme ovin après une première vie en informatique.
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Installé en 2022, Pierre Giroux, 32 ans, conduit un troupeau de 220 brebis en écopastoralisme dans le sud-est de la Sarthe, à Malicorne-sur-Sarthe. Il a pu sauter le pas grâce à une innovation technologique : un appareillage auriculaire résistant à l’humidité.
« J’ai toujours voulu travailler dehors, avec des animaux, mais quand vous êtes sourd des deux oreilles, les risques sont importants lorsque vos appareils ne fonctionnent pas », explique-t-il. Impossible, par exemple, de savoir ce qui se passe derrière soi si un animal charge. Sans oublier les vertiges quand un amplificateur se bouche. « Vous ne vous sentez pas en sécurité. »
Après des études d’informatique, choisies par défaut car elles étaient compatibles avec son handicap, puis une licence en e-commerce, Pierre a travaillé plusieurs années comme créateur de contenus et de sites web. En 2018, son audioprothésiste lui ouvre de nouvelles perspectives grâce à de nouveaux appareils résistants à l’humidité, la pluie comme la sueur. « J’ai commencé par faire un peu de jardin, se souvient-il. Peu à peu, j’ai pris confiance, car mes amplificateurs ne se bouchaient plus ».
Agriculture biologique et écopâturage
Soutenu dans sa décision de changer de vie par son épouse Mathilda, il s’engage en 2020 dans une formation pour préparer son Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole. Son projet initial : s’installer en maraîchage, avec les moutons comme production secondaire. Une option qui semblait plus accessible, notamment pour trouver du foncier.
Pendant cette formation, il entre en contact avec la Coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP), qui lui propose de réaliser le stage de « paysan créatif ». Ce dispositif, destiné à soutenir les porteurs de projet à l’installation, permet de combiner un stage sur le terrain avec le développement de son propre projet, tout en suivant une dizaine de journées de regroupement en salle. La CIAP accompagnera ensuite Pierre grâce à un portage, afin de lui permettre d’investir et de lancer son activité d’écopâturage.
« Je voulais acquérir un maximum de compétences, précise Pierre. Durant un an, j’ai pu me tester en réalisant un premier stage en maraîchage, trois jours par semaine. Puis je suis entré en contact avec Fabien Letort, président de l’association des brebis Landes de Bretagne. » Passionné par les races anciennes, Pierre a choisi cette race pour sa rusticité, bien adaptée à l’écopâturage.
Sur son exploitation, baptisé Ecopattes, Pierre élève aujourd’hui 220 brebis, 10 chèvres des fossés, deux poneys shetland, 4 lapines, 2 cochons d’inde et 5 chiens dont 2 de travail. Des entreprises, des collectivités et des particuliers font appel à ses services pour entretenir leurs espaces verts, en écopâturage sur une cinquantaine d’hectares. Les ovins sont élevés selon le cahier des charges de l’Agriculture biologique, en plein air toute l’année, nourris à l’herbe et au foin.
Pierre a pu salarier son épouse qui, formée à la médiation animale, l’aide avec les brebis et réalise des animations. Mathilda se déplace notamment dans les écoles pour faire découvrir le métier de berger. Elle commence d’ailleurs une formation pour le BPREA en septembre. Le couple vient de reprendre 55 hectares pour le développement de l’élevage ovin.
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